Un torrent de cailloux roule dans ton accent
Ta violence bouillone jusque dans tes violettes
On se traite de con à peine qu’on se traite
Il y a de l’orage dans l’air et pourtant
L’église Saint-Sernin illumine le soir
Une fleur de corail que le soleil arrose
C’est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir
C’est peut-être pour ça qu’on te dit Ville Rose
Je revois ton pavé, ô ma cité gasconne
Ton trottoir éventré sur les tuyaux du gaz
Est-ce l’Espagne en toi qui pousse un peu sa corne
Ou serait-ce dans tes tripes une bulle de jazz?
Après avoir vu Original Sin deux fois, j’ai eu beaucoup de plaisir à me promener presque image par image sans le son.
L’attention à la lumière, la qualité du noir et blanc, l’architecture des images (ah! l’escalier!), le goût des détails (la sonnette tubulaire, l’atelier, est-ce un portrait d’Harry Truman dans la chambre?), les cadrages, les ombres mouvantes sur l’encyclopédie, le côté à la fois rigidement formel et complètement ludique, un délice.
Il y a longtemps que Roger Gariépy réalise des films publicitaires pour son agence, Bos. Il y a presque aussi longtemps qu’il se prépare à faire du cinéma. L’attente valait la peine. C’est exactement l’opposé de ce que l’on dit des premiers films, comme “brouillon”, “éparpillé” et “prometteur”. Ici, tous les aspects du scenario, de la réalisation. de la direction photo, de la musique, du montage sont parfaitement maîtrisés jusqu’à l’obsession.
Un maître du cinéma vient de sortir du chapeau. Loin d’avoir besoin de s’améliorer, Gariépy est prêt à laisser s’échapper son prochain film sur des territoires instables. On le lui souhaite.
Installation vidéo à trois canaux.
Projection d’une durée de 15 minutes jouant en continu.
3 lecteurs Blu-ray, 3 projecteurs vidéos.
112 West Hastings Street, Vancouver.
Fire with Fire a été financée par
l’Olympiade Culturelle de Vancouver 2010.
Commissaire : Marlene Madison.
Le Downtown Eastside est le quartier le plus ancien de Vancouver, c’est aussi le plus délabré. Ce secteur historique est tristement célèbre pour ses problèmes sociaux liés à la pauvreté. Avant d’être affecté par une importante déchéance urbaine, il connu des jours plus radieux et fut le centre des activités commerciales de la ville jusqu’aux années 80. Délaissé pendant plus de vingt ans, il est de nouveau convoité depuis quelques années. Ses édifices fraîchement rénovés et ses chantiers en témoignent : le Downtown Eastside est en pleine mutation.
La venue des Jeux Olympiques d’hiver de 2010 accélère sa transformation en intensifiant la spéculation foncière et la gentrification ; de nouvelles tours à condominiums et des magasins à grande surface font leur apparition. Le remodelage du quartier semble réponde davantage aux exigences des mieux nantis. Les tensions entre les promoteurs immobiliers et les membres de la communauté sont palpables car on appréhende une forme de “nettoyage social” implicite.
Singulièrement, l’histoire du Downtown Eastside s’amorce dans la destruction et la disparition. En 1886, peu après sa constitution en municipalité, le grand incendie s’abat sur Vancouver et rase le quartier presque entièrement (Great Vancouver Fire). L’installation vidéo Fire with Fire nous remémore cette période trouble de l’histoire de Vancouver. Elle évoque aussi les conditions actuelles du quartier en nous rappelant que de nombreuses vies s’y consument, rongées par des années d’itinérance, d’usage de la drogue, de prostitution de rue et de violence.